JOURNAUX DES TEMPS PASSES
la découverte d'une petite partie de ma collection n'empêche pas
un détour par le "Musée des curiosités"
L'histoire de la revue, née dans les tranchées en 1915 et nommée Le Crapouillot, ne peut pas être dissociée du nom de son fondateur Jean Galtier-Boissière. Le mot « crapouillot », qui signifie littéralement « petit crapaud », désigne, dans le vocabulaire des poilus, un mortier de tranchée français et par extension ses munitions, les torpilles d'artillerie.
Le premier numéro, sorti en août 1915 avec comme sous-titre « gazette poilue — feuille de guerre », donne le ton avec comme manchette : « courage les civils ! »
Le caporal Jean Galtier-Boissière a pour relais son père, médecin resté à l'arrière du front, pour tout ce qui concerne l'édition. Le ton du Crapouillot tranche avec la plupart des autres journaux de tranchées qui sont plus destinés à distraire qu'à dépeindre la réalité de la guerre.
L'humour n'est pas négligé, l'ironie pointe à chaque page. Certains numéros sont caviardés par la censure. La paix revenue, le numéro de janvier 1919 annonce, sous le dessin d'un buste de poilu : « Et maintenant au travail ».
En avril 1919, Le Crapouillot devient une revue littéraire et artistique sous-titrée « arts, lettres, spectacles » regroupant des écrivains non conformistes comme Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Francis Delaisi, Henri Béraud, Claude Blanchard, Gus Bofa et des dessinateurs comme Dunoyer de Segonzac, André Villeboeuf, André Dignimont, Jean Oberlé, André Rouveyre, Louis Touchagues, André Foy, Jean-Louis Forain, Jeanne Rosoy...
Les collaborateurs de la revue couvrent les événements des arts, lettres, spectacles (dont le cirque, le cinéma). Les engagements politiques des amis de Jean Galtier-Boissière vont du communiste engagé Jean Bernier, au maurrassien Lucien Farnoux-Reynaud, en passant par l'inclassable Lucien Mainssieux.
Certains collaborateurs et Galtier-Boissière lui-même, sont souvent très féroces dans leurs comptes rendus, leurs critiques et leurs articles. La revue est résolument un reflet de l'opinion des auteurs. Cela valut un peu plus d'une quarantaine de procès intentés au Crapouillot, en un peu plus de quarante ans sous la direction de Galtier-Boissière.
À partir de 1930, Le Crapouillot ne fait plus paraître que des numéros spéciaux bimestriels à caractère satirique ayant pour thème : « La guerre inconnue », « Histoire de la IIIe République », « Les Deux cents familles », « Vraie et fausse noblesse », « Les fusillés pour l'exemple » en août 1934, « Hitler, est-ce la Guerre ?… ». Suspendu en septembre 1939, il paraît à nouveau en 1948 avec « l'Histoire d'une guerre
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean Galtier-Boissière cesse toute publication malgré quelques sollicitations pendant l'occupation allemande. Il séjourne longuement à Barbizon. Après guerre, Le Crapouillot abandonne sa vocation première, les arts et lettres qui sont confiés au Petit Crapouillot (206 numéros). La revue traite de dossiers sérieux comme l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, de sujets plus légers comme la sexualité mais aussi de ses contemporains et leurs travers. La revue est reprise par Jean-Jacques Pauvert de 1965 à 1966.
Ce ton n'est pas abandonné après 1967 et les sujets traités sont de plus en plus orientés politiquement. Beaucoup de scandales y sont dénoncés. Le monde politique est attaqué, les accusations sont nombreuses. Les équipes dirigeantes de droite, et même désormais d'extrême droite (le journal est vendu à Minute), se succèdent à la tête de la revue. Les dossiers du Crapouillot dérivent vers le « tous pourris ! » et le journal réalise de nombreux dossiers sur des sujets tels que la franc-maçonnerie, les sectes ou encore l'homosexualité.
La situation financière du journal a souvent approché la faillite jusqu'à la liquidation du titre en 1996.
Le dernier numéro est le no 126, qui porte sur Les profanateurs et montre en couverture une cérémonie sataniste sur une tombe, réalisée par un homme au visage partiellement caché, identifié comme le journaliste proche de l'extrême-droite et spécialiste du satanisme Jean-Paul Bourre En 2016, une nouvelle équipe reprend le journal dans une nouvelle formule trimestrielle, avec Bertrand Sorlot à la tête de la rédaction. La première édition commence au numéro 124, parue en mai 201 Relié 1932: 120 Euros