Sous-titré "Hebdomadaire des jeunes", A la page parut à partir du 27 mars 1930. Il est pulié par JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Fortement ancré à droite de l'échelle politique (anti-communiste, moraliste,...), ces collaborateurs seront, entr'autres, Jean Drault (un journaliste antisémite qui collaborateur lors de la 2eme Guerre mondiale), du père assemptionniste Joseph Girard-Reydet, Jean Mondange, membre de l'Association catholique de la jeunesse française. Mobilisé en 1939, souffrant d’une pleurésie, il revint en France et fut alors chargé de la parution de la Croix avec l'aide d' un groupe de résistants qui appartenaient à un réseau de renseignements en liaison avec Londres.
A la page présenté des nouvelles du monde, du sport, aviation, de sciences, de l'histoire...
Dans le N°1, Joseph Girard-Reydet explique
POUR JUSTIFIER NOTRE TITRE: J’aime autant vous dire tout desuite ma pensée : l’article que je vais écrire est inutile...— Alors, pourquoi l’écrivez-vous ? ( — Peut-être l’invincible besoin d'enfoncer les portes ouvertes...La cause d’A la Page est gagnée,incontestablement, et c’est ce qui me donne le sentiment de l’inutilité d’une longue plaidoirie...Mais enfin, vous le savez, il y a peut-être, dans l’armée vaincue, un dernier carré de personnes graves qui se hérisse de pointes et de principes à notre approche...Waterloo a sonné, vieille garde. Nous allons lancer contre vous un bataillon serré de lignes graves que j’ai découpées... Vous dirai-je où ?... Dans un journal qui n’est pas fait spécialement pour les jeunes gens et qui ne plaisantepas : le Temps. Voici ces lignes :L’emploi mondain et bourgeois d’ « à la page » date de la fin de la guerre, mais c'est seulement depuis quelques mois qu’ A la page fait fureur. « A la page » appartenait précédemment à l’argot vulgaire... Un « type à la page » était un gaillard qui pouvait « sortir sans sa bonne » et savait « nager ». En quinze ans, « à la page » a passé des bars des boulevards extérieurs à ceux des Champs-Elysées. « A la page » ne s’emploie plus dans les milieux où il est né — du moins onme l’a dit, car, si je n’ai pas pris la peine de faire une petite enquêtesur place, j’ai pris, vous pouvez me croire, celle de me renseigner, —mais il s’est répandu dans les sphères sociales supérieures, obéissant à la loi bien connue en vertu de laquelle l’argot monte et ne descend pas. Le peuple crée l’argot etles bourgeois y font leur choix. Alors nous, nous faisons notre choix et nous collons hardiment A la Page au front d’un journal. Jamais argot n’est monté si haut. Mais revenons au Temps : Le succès bourgeois d’ « à l apage » s’explique par le besoin d’une expression servant à désigner les gens bien avisés, bien informés de la vie moderne, de ses mille recettes, secrets, conventions et usages, et du dernier état de ceux-ci. Naguère on disait de quelqu’un qu’il était « à la coule », et c’était à peu près dans le même sens, mais avec une nuance de roublardise grossière. On disait aussi« dans le train », mais cela impliquait une idée de vie dispendieuse que ne comporte nullement « à la page ». Etre « à la payé » signifierait plutôt le contraire, à savoir qu’on pratique l’art de suivre la mode à peu de frais. Le succès bourgeois d’ « à la page » s’explique aussi par ce que l’expression a d’anodin, j’allais dire d’innocent et de puéril. « A la page » appartient essentiellement à l’argot de la bonne compagnie ; on ne s’étonne donc pas que le boulevard de la Chapelle se le soit laissé prendre par la rue Royale.« A la page » est d’origine scolaire. Dans notre âge tendre, nous nous sommes tous entendu reprocher, au cours d’une leçon de lecture, d’être distraits, de ne pas« suivre », de ne pas être « à la page ». Le reproche vous laissait froid. Avouez que vous y seriez plus sensible aujourd’hui.